Les Drayes Blanches

Au début du 13ème siècle, sur la colline appelée actuellement "Foirevieille" et nommée en ce temps-là "le Rocher", s\'élevait une forteresse au pied de laquelle s\'étendait un groupe d\'habitations - l\'ensemble portait le nom de " Bâtie de l\'Orme" -" Bastida Ormoe", dans la langue vernaculaire de l\'époque. Un acte de 1399 mentionne, pour la première fois, l\'église de La Chapelle-en-Vercors.

Les Drayes Blanches   23km et 750m D+ :

André et moi  sommes partis de Nîmes samedi après midi  en direction du grand nord, ou plutot pour le Vercors.  Nous devons retrouver les Lyonnais au col de Carri (1240m). C\'est magnifique, la neige tombe en abondance ! voici notre gîte à 100m du départ de la course !

Mais toujours pas de lyonnais ? Nous surveillons la route avec quelques inquiétudes.

Je fini par les appeler et ils me répondent qu\'ils sont coincés à La  Chappelle en Vercors, mais mettent les chaines et arrivent dans une demi heure ! Ouf !!!  

Nous les retrouvons enfin, Et hop ! autour de la table nous voilà réunis ! Un bon repas chaud nous prenons en prévision de la dure journée demain. Je passe sur la nuit d\'enfer et à 6h  les premiers sont debout ! Douche, coup d\'oeil inquiet dehors (il neige toujours) et petit déjeuner copieux. Nous mettons nos affaires dans les voitures, enfin...la voiture, car une s\'obstine à s\'ouvrir à cause du gel ! 

Il est vite 9h, et il commence à avoir du monde. Nous nous décidons pour un petit échauffement (-7°) pour attendre l\'heure du départ. C\'est impressionnant ! tous les bruits sont étouffés par la neige. Le départ est un peu décalé à cause de voitures bloquées dans la montée. Ca  y est, on entend les tambours qui nous indiquent l\'emplacement du départ.

L\'organisateur, un peu soucieux, nous souhaite bonne chance, avant de lancer dans l\'aventure plus de 300 fous dingues dans cette grande virée blanche.

Je me suis placé avec Sergio vers les avants postes, tandis que Sylvie et André restent sagement dans le milieu du peloton. Le parcours débute sur une large piste, ou nous nous efforçons de nous habituer de courir dans 10 cm de neige fraiche.  La piste serpente dans la forêt, en faux plat descendant, avec quelques petits pics sans difficulté réelle, à part le fait qu\'il faut brasser de plus en plus dans cette poudreuse, ce qui rend notre progression de plus en plus hasardeuse. je m\'efforce de suivre les traces de celui qui me précède avec une exactitude de métronome afin d\'éviter toute glissade ou autre mésaventure. Le premier ravito arrive très vite au 5ème kilo, que je zap afin de ne pas prendre trop de retard. 

je laisse partir Sergio devant. Il a l\'air plus motivé que moi. Quelques descentes plus soutenues où je me laisse aller sans trop réfléchir. nous avons tous l\'air d\'avoir bu un coup de trop, mais cela fait du bien d\'allonger un peu. Dans les quelques petites remontées, je m\'oblige à conserver des toutes petites foulées courtes mais rapides sans lever les pieds. je me permets même de doubler un peu. c\'est une opération très hasardeuse car on ne sait pas trop ce que l\'on va trouver sous les pieds lorsqu\'on quitte les traces. Et j\'arrive ainsi au deuxième ravito vers le 11ème. Un bon thé bien chaud et un petit pain aux fruits confits et je reparts pour attaquer les vraies difficultés de la seconde moitié du parcours.

Le terrain commence à se redresser. Ce n\'est pas raide, mais il y a de plus en plus de neige fraiche. chaque  foulée est très incertaine et demande une attention accrue. Mon regard fixe le pied de celui qui me précède pour atterrir exactement au même endroit sous peine de glissade ou perte d\'équilibre. Je ne me sens pas la force de prendre des initiatives. Dés qu\'on quitte la trace, on s\'expose à des efforts supplémentaires que l\'on risque  de payer plus tard. Dans ma tête, je ne pense pas être trop mal placé, et donc, je suis bien décidé à rester sage comme une image blanche. Actuellement, mon seul problème est que je ne bois pas assez. Il fait froid. les pieds et les mains sont trempés et il neige toujours. Je me bois un bon coup de produit miracle "sergio" avec une petite barre de céréales, puis me décide à ouvrir une boisson énergisante (energy drink de WCUP à la banane) et hop, c\'est reparti !

Et je continue dans cette monotrace à me concentrer sur mes pas. Je continue à doubler quelques coureurs, mais chaque fois, c\'est une débauche d\'énergie. Dés que l\'on quitte la trace on s\'enfonce jusqu\'au genou, voire pire. D\'ailleurs, c\'est aussi difficile de se faire doubler, car par politesse, on s\'écarte un peu et le risque et le Même. On fini par rester sagement derrière et à rester concentrer sur les pieds de celui qui précède. En parlant de pieds, j\'ai un orteil qui me fait mal. Mais le plus embêtant c\'est que suis en train de m\'attraper un mal de ventre et un peu de nausée. le paysage est surement très beau mais comme on ne voit rien, je reste les yeux vissés sur mes pieds. Je pense à Sylvie qui doit raler comme "une peste", à Sergio qui doit s\'éclater comme un chef et à André qui doit se mettre en quatre pour servir de chevalier servant à toutes princesses en difficulté, ce qui me fait sourir. Une personne nous annonce une portion de route avant le ravito. Elle nous fait du bien cette route, même si elle monte grave ce qui nous permet de prendre une foulée régulière. au 16ème je trouve le ravito et Sergio qui a du me trouver bien pâle !  

Je prend encore un thé chaud et essaye de manger un peu, mais impossible. je me sens pas bien du tout. Sergio repart et je lui emboite le pas une minute après. Toujours cette monotrace en dent de scie avec cette fois, une côte un peu plus prononcée. je n\'en peux plus. je ne suis pas bien du tout. je marche. je laisse passer les coureurs et essaye de relancer, mais cela ne passe pas.  je bois beaucoup et reprends un petit rythme tout doucement. Surtout, ne pas s\'arrêter. Dans les plats et les descentes, je me force à courir et dans les côtes je récupère en marchant. Mais j\'ai la nausée et là cela devient pénible. On m\'annonce deux kilomètres encore mais sur une piste plus stable. Je relance tout doucement. La neige devient plus tassée et on peut prendre plus de vitesse. Entre concurrents, on ne se gène plus. Allez ! il faut accélérer. Ne plus penser à cette nausée. je me fais quand même beaucoup doubler. J\'ai un début de crampe sur le mollet opposé à mon problème d\'orteil. mais c\'est pas grave, cela détourne mon attention du reste.   

je passe le tunnel et on entend le micro à l\'arrivée. J\'accélère encore poussé par l\'envie d\'en finir et aussi par les spectateurs qui heureusement sont là. Ca y est, on entend les tambours. plus que 100m de légères côtes où j\'oublie tout. Plus de douleur, plus de nausées, plus de fatigue ! Plus de neige ! J\'entends 1h45, je m\'attendais à pire ! Une charmante personne m\'enlève la puce et je recherche Sergio que je retrouve déjà bien reposé. Je prends un café, mais là le coup de barre me reprend. Une espèce de lourdeur dans l\'estomac. Quelque chose n\'est pas passé. Je n\'arrive pas à m\'alimenter. Nous attendons André, qui arrive le sourire aux lèvres et Sylvie rayonnante avec ses beaux cheveux blonds devenus blancs avec la neige.

Nous allons tous nous changer au gîte, puis partons manger. Tout le monde est en forme sauf moi. la soupe et le lard, ils mangent  tous et moi  je suis aussi blanc que la nappe. j\'ai du rejeter ce qui me gênait, avant de recommencer à consommer d\'abord de l\'eau sucrée qu\'André m\'a apporté puis un peu de pain et de la soupe.

Un grand meci à tous les organisateurs qui malgré les conditions hyper difficiles, l\'ont transformé en véritable réussite ! J\'ai passé un très grand moment en compagnie de Sylvie, Sergio et André ! Nous nous sommes quittés avec plein de souvenirs dans la tête et surtout des myriades de flocons dans les yeux !